Cliquez ici >>> đ c Ă©tait quand la derniĂšre fois piĂšce de théùtre
CĂ©tait quand la derniĂšre fois ? Synopsis; Casting; AnnĂ©e de production : 2019; Genre : Théùtre ; DurĂ©e : 105 min. Synopsis . Lors d'un dĂźner qui promettait d'ĂȘtre aussi morne que les
CĂ©tait quand la derniĂšre fois Ă Angers. Du 1er dĂ©cembre 2022 au 3 dĂ©cembre 2022. Ă 19h15. Au Restau-Théùtre. Le casting de ma vie Ă Angers. Du 8 dĂ©cembre 2022 au 10 dĂ©cembre 2022 . Ă 19h15. Au Restau-Théùtre. Very Brad Pitt Ă
Ledernier dĂ©veloppement du raid de Trump met totalement en piĂšces la narration du FBI. Un nouveau rapport explosif rĂ©vĂšle que le procureur gĂ©nĂ©ral Merrick Garland a attendu des semaines avant de signer le raid du FBI contre Trump. PubliĂ© le 17.8.2022 Y a-t-il une mise Ă jour sur la rĂ©cente perquisition du FBI Ă
VirginieHocq et Zinedine Soualem sont rĂ©unis sur la scĂšne du théùtre Jean Cocteau dans la piĂšce diabolique d'Emmanuel Robert-Espalieu, "CâĂ©tait quand la derniĂšre fois ?" PrĂ©sentation de la piĂšce ( extrait communiquĂ© de presse) Quoi de plus efficace pour rĂ©gler un problĂšme que de sâen dĂ©barrasser de maniĂšre « dĂ©finitive » ?
LescomĂ©diens Virginie Hocq et Zinedine Soualem pour leur piĂšce de théùtre CâĂ©tait quand la derniĂšre fois. Dans cette comĂ©die pleine de
Aucune Rencontre N Arrive Par Hasard De Kay Pollak. Error 403 Guru Meditation XID 722543148 Varnish cache server
Wajdi Mouawad est un personnage important dans le monde du théùtre quĂ©bĂ©cois contemporain. Traitant, entre autres, de la question des origines, du cycle de la haine et de la violence inhĂ©rente Ă la guerre ainsi que du pouvoir de la connaissance, la piĂšce Incendies, sortie en 2003, deuxiĂšme volet de la tĂ©tralogie Le Sang des promesses, a connu un succĂšs international. Incendies est donc une piĂšce importante dans le paysage du théùtre de lâextrĂȘme contemporain. Câest pourquoi nous avons dĂ©cidĂ© de nous intĂ©resser de plus prĂšs Ă cette piĂšce. Wadji Mouawad Wajdi Mouawad est dramaturge et metteur en scĂšne quĂ©bĂ©cois[1]. NĂ© au Liban le 16 octobre 1968 Coissard, p. 11, il devient enfant-soldat trĂšs jeune Coissard, p. 12. Il reste Ă la solde des miliciens jusquâĂ ses huit ans, moment oĂč ses parents dĂ©cident de quitter le pays. Ils sâĂ©tablissent alors en France. En 1983, lorsque Mouawad a 15 ans, la famille quitte la France pour le QuĂ©bec. Au QuĂ©bec, Mouawad obtient son diplĂŽme de lâĂcole Nationale de Théùtre du Canada en 1991. AprĂšs sa sortie de lâĂ©cole, il cofonde le Théùtre Ă Parleur avec Isabelle Leblanc et dĂ©bute immĂ©diatement sa carriĂšre de metteur en scĂšne avec deux piĂšces Ă©crites par son frĂšre, soit Al Malja en 1991 et LâExil en 1992 Coissard, p. 12-13. De cette Ă©poque Ă aujourdâhui, Mouawad monte une foule de piĂšces de genres variĂ©s, dont des piĂšces quâil a Ă©crites lui-mĂȘme Coissard, p. 14. DĂšs 1991, il met en scĂšne un texte Ă lui, soit Partie de cache-cache entre deux TchĂ©coslovaques au dĂ©but du siĂšcle Coissard, p. 14-15. MOUAWAD, Wajdi, Incendies Le sang des promesses, 2, MontrĂ©al, LemĂ©ac/Actes Sud, coll. Babel », 2011. Cependant, Mouawad est principalement connu pour sa tĂ©tralogie théùtrale Le Sang des promesses. Ainsi, câest en 1997 avec Littoral, premiĂšre piĂšce de sa tĂ©tralogie Coissard, p. 7, quâil acquiert la reconnaissance de la critique et du public ainsi quâune renommĂ©e internationale Coissard, p. 15. Cela lui permet de retourner en France dans le cadre de la prĂ©sentation de sa piĂšce. Incendies, la deuxiĂšme piĂšce du Sang des promesses, sort le 14 mars 2003 au théùtre Hexagone et est publiĂ©e la mĂȘme annĂ©e aux Ă©ditions LemĂ©ac/Actes Sud Coissard, p. 7. La piĂšce obtient un immense succĂšs et est adaptĂ©e en russe en 2007 au théùtre Et cetera Ă Moscou Coissard, p. 15. En 2009, soit trois ans aprĂšs la sortie de ForĂȘts, le troisiĂšme volet de la tĂ©tralogie Coissard, p. 7, le metteur en scĂšne retourne pour une derniĂšre fois Ă lâunivers du Sang des promesses en concevant une nouvelle version de Littoral et en crĂ©ant Ciels, le quatriĂšme et ultime volet Coissard, p. 15. La mĂȘme annĂ©e, Incendies est rééditĂ©e dans la collection de poche Babel Coissard, p. 7. En 2010, Denis Villeneuve adapte la piĂšce au cinĂ©ma sous le mĂȘme titre[2]. Le film est prĂ©sentĂ© pour la premiĂšre fois Ă la 67e Mostra de Venise et est nominĂ© aux Oscars dans la catĂ©gorie du meilleur film en langue Ă©trangĂšre. De plus, il remporte neuf prix Ă la 13e cĂ©rĂ©monie des Jutra. PrĂ©sentation dâIncendies GenĂšse de lâĆuvre Dans la postface de lâĂ©dition de Babel parue en 2009, on apprend quâĂ lâorigine de la piĂšce Incendies il y a la prison Khiam[3]. Au dĂ©but de lâannĂ©e 2001, Mouawad invite JosĂ©e Lambert Ă un lundiduda », des reprĂ©sentations organisĂ©es chaque mois au théùtre de QuatâSous par Mouawad lui-mĂȘme p. 137. Photographe engagĂ©e, Lambert, au cours dâun voyage au Liban en 1995, prend en photo la prison de Khiam. Au lundiduda, Lambert raconte lâhistoire de la prison Ă Mouawad, qui nâen avait jamais entendu parler. Il sâagit dâune ancienne caserne française convertie en base de lâarmĂ©e, puis en prison en 1985 p. 138. Au cours de la guerre, des milliers de Libanais et de Palestiniens sont emprisonnĂ©s de maniĂšre arbitraire. Ce nâest quâen 2000 que la prison est finalement abandonnĂ©e, lorsquâIsraĂ«l se retire du Liban p. 138-139. Au fil de son rĂ©cit, Lambert en vient Ă raconter lâhistoire de Souha Bechara, emprisonnĂ©e Ă Khiam pour avoir tirĂ©e deux balles sur Antoine Lahad, le chef de lâArmĂ©e du Liban-Sud ALS p. 139. Ă la suite de sa rencontre avec JosĂ©e Lambert, Mouawad se plonge dans lâhistoire du Liban p. 143. Au fil de ses recherches, il dĂ©couvre les films documentaires de Randa Chahal Sabbag, une Libanaise vivant Ă Paris qui sâintĂ©resse Ă la guerre civile au Liban. Plus prĂ©cisĂ©ment, lâun de ces documentaires, intitulĂ© Souha, survivre Ă lâenfer, sâattarde, comme le titre lâindique, Ă la rĂ©sistante libanaise Souha Bechara. Mouawad Ă©crit alors Ă Sabbag et celle-ci lui fait parvenir une copie du film p. 144. En dĂ©couvrant Souha Bechara, Mouawad se dit quâelle est ce quâil aurait pu ĂȘtre sâil Ă©tait restĂ© au Liban, quâil pourrait ĂȘtre son jumeau p. 145. Il se rend alors Ă Paris pour rencontrer Sabbag, oĂč cette derniĂšre lui propose une rencontre avec Souha Bechara. Quand Mouawad se retrouve en prĂ©sence de Bechara, il nâa pas encore lu son livre RĂ©sistante qui dĂ©taille son expĂ©rience p. 149. Il mentionne Ă la rĂ©sistante quâil ignorait tout de Khiam avant tout rĂ©cemment et quâil a Ă©tĂ© choquĂ© dâapprendre que les bourreaux de Khiam vivaient au Canada aujourdâhui. Il parle aussi de lâhistoire qui lui est venue de tout cela lâhistoire dâune jeune fille amoureuse qui tombe enceinte et Ă qui on enlĂšve son enfant p. 150. Cette jeune fille quitte son village, sâinstruit, et devient journaliste. Quand la guerre Ă©clate, elle se joint Ă la rĂ©sistance. Lors dâune opĂ©ration, elle est capturĂ©e et enfermĂ©e. Quand les autres se font torturĂ©s, elle chante, et obtient alors le surnom de la femme qui chante. En prison, elle est violĂ©e plusieurs fois, tombe enceinte et accouche dâune fille. Quand elle est libĂ©rĂ©e, elle quitte le pays avec son enfant. Plus tard, elle apprend que son violeur est le fils quâelle cherchait. Quand elle lâapprend, elle cesse de parler. Câest en quittant Bechara que Mouawad se dit quâil serait intĂ©ressant pour la rĂ©sistante dâavoir des jumeaux plutĂŽt quâune fille p. 151. Ici, ceux qui ont lu Incendies reconnaĂźtront facilement les germes de ce quâallait devenir la piĂšce. On comprend ainsi que la rencontre de Mouawad avec JosĂ©e Lambert, puis avec Souha Bechara, a Ă©tĂ© une grande inspiration. RĂ©sumĂ© de la piĂšce MOUAWAD, Wajdi, Incendies Le sang des promesses, 2, nouvelle Ă©dition, MontrĂ©al, LemĂ©ac/Actes Sud, coll. Acte Sud Papiers », 2009. Quand Nawal Marwan meurt, Hermile Lebel, son ami, notaire et exĂ©cuteur testamentaire, prĂ©sente son testament Ă ses enfants, les jumeaux Jeanne et Simon Marwan. Selon les derniĂšres volontĂ©s de Nawal, une enveloppe est confiĂ©e Ă chacun dâeux. Jeanne doit remettre la sienne Ă leur pĂšre inconnu; Simon doit remettre la sienne Ă leur frĂšre dont ils ignoraient jusquâalors lâexistence. Tandis que Simon refuse dâabord de se prĂȘter au jeu, Jeanne, elle, part en quĂȘte de ses origines au Liban. LĂ -bas, au fil des rencontres, elle apprend que sa mĂšre a Ă©tĂ© emprisonnĂ©e Ă la prison de Kfar Rayat par le passĂ©, quâelle Ă©tait connue sous le nom de la femme qui chante » et que son pĂšre nâest nul autre quâAbou Tarek, le gardien de la prison qui a violĂ© sa mĂšre. AprĂšs cette dĂ©couverte, Simon part finalement en quĂȘte de leur frĂšre, accompagnĂ© dâHermile Lebel. Sa quĂȘte le mĂšne auprĂšs dâun individu nommĂ© Chamseddine, qui lui rĂ©vĂšle que leur frĂšre, Nihad Harmanni, nâest pas lâenfant nĂ© du viol de Nawal par Abou Tarek, que câest Jeanne et lui qui le sont. Il apprend quâils ont Ă©tĂ© dâabord recueilli par Chamseddine lui-mĂȘme, qui les a appelĂ© Janaane et Sarwane, et que Nihad, leur frĂšre, est aussi Abou Tarek, leur pĂšre. La vĂ©ritĂ© rĂ©vĂ©lĂ©e, les jumeaux sâacquittent de leur derniĂšre tĂąche, remettant les deux lettres Ă Nihad/Abou Tarek. Enfin, Hermile Lebel, sous les instructions de Nawal, leur remet une lettre de la part de leur mĂšre, quâils lisent. Personnages Incendies comporte un total de 15 personnages, dont trois personnages piliers Nawal, Jeanne et Simon, trois personnages secondaires importants Hermile Lebel, Sawda et Nihad Harmanni/Abou Tarek et neuf personnages que lâon dira transitoires ». Nous nous attarderons davantage aux personnages centraux. Les autres personnages seront mentionnĂ©s ou dĂ©crits par rapport Ă la relation quâils entretiennent avec les personnages piliers. Nawal Marwan Nawal Marwan est le personnage central par excellence, car toute lâintrigue sâarticule autour dâelle, aussi bien dans le passĂ© que dans le prĂ©sent. Nawal naĂźt au Liban. Ă lâadolescence, elle entretient une relation amoureuse avec Wahab et tombe enceinte. Jihane, sa mĂšre, refuse quâelle garde lâenfant et elle est donc forcĂ©e de le donner Ă sa naissance. Peu de temps aprĂšs, Nazira, sa grand-mĂšre, meurt, mais pas avant de lui prodiguer des conseils. Bien quâelle apparaisse dans peu de scĂšnes, Nazira a une influence fondamentale sur lâavenir de Nawal. Câest en effet sur son conseil que celle-ci apprend Ă lire et Ă Ă©crire, entre autres pour pouvoir graver le nom de sa grand-mĂšre sur sa tombe, mais aussi pour rompre le cycle de la violence et de la haine par la connaissance. AprĂšs avoir gravĂ© le nom de sa grand-mĂšre, Nawal part Ă la recherche de son fils, accompagnĂ©e de Sawda. En chemin, elle Ă©duque la jeune femme et devient son amie. Elle est finalement enfermĂ©e Ă la prison de Kfar Rayat pour le meurtre du chef des milices, oĂč elle devient la femme qui chante », en mĂ©moire de Sawda qui chantait tout le temps. Elle est violĂ©e par le gardien de prison Abou Tarek, quâelle ignore alors ĂȘtre son fils, et tombe enceinte de Jeanne et Simon. Elle accouche en prison. Plus tard, aprĂšs la guerre, les jumeaux sous sa garde, elle dĂ©couvre en suivant le procĂšs dâAbou Tarek que son violeur est aussi son fils perdu, ce qui la plonge dans le silence. Au dĂ©but de la piĂšce, Nawal vient juste de mourir. Elle a nommĂ© Hermile Lebel comme exĂ©cuteur testamentaire et confie aux jumeaux, Ă travers son testament, une ultime quĂȘte. Jeanne Marwan Jeanne Marwan, fille de Nawal et sĆur jumelle de Simon, enseigne les mathĂ©matiques, et plus prĂ©cisĂ©ment la thĂ©orie des graphes, Ă lâuniversitĂ© oĂč elle prĂ©pare son doctorat. Elle est trĂšs affectĂ©e par la mort de sa mĂšre et dĂ©cide rapidement de partir Ă la recherche de son pĂšre et en quĂȘte de ses origines. Au fil de son parcours, Jeanne croise plusieurs personnages. Dâabord, il y a Antoine, lâinfirmier qui sâoccupait de Nawal Ă la fin de sa vie et celui qui a entendu ses derniers mots. AprĂšs la mort de Nawal, il va travailler pour un théùtre. Quand Jeanne vient le voir, il lâaide du mieux quâil peut pour orienter ses recherches et lui remet les enregistrements quâil a faits du silence de sa mĂšre. Jeanne rencontre ensuite Abdessamad, qui vient du mĂȘme village que Nawal. Ensuite, il y a Mansour, le guide de la prison de Kfar Rayat transformĂ©e en musĂ©e. Il la met sur la piste de Fahim, ancien gardien de la prison, reconverti en concierge. Il a Ă©tĂ© Ă©pargnĂ© aprĂšs la guerre quand on a appris ce quâil avait fait pour la femme qui chante. Quand celle-ci a accouchĂ©, plutĂŽt que de noyer son enfant il croit quâil nây en a quâun seul comme il le faisait pour les autres, il le remet Ă un paysan du nom de Malak. Malak, bien quâil nâapparaisse que dans une seule scĂšne, joue un rĂŽle pivot. En effet, câest lui qui apprend Ă Jeanne que lâancien gardien de prison nâa pas sauvĂ© un seul bĂ©bĂ©, son frĂšre inconnu, mais deux bĂ©bĂ©s, soit Simon et elle, quâil a nommĂ© Janaane et Sarwane. Il sâagit donc du personnage apprenant Ă Jeanne lâidentitĂ© de son pĂšre, soit Abou Tarek, celui qui dirigeait la prison oĂč sa mĂšre Ă©tait retenue. Simon Marwan Simon Marwan, fils de Nawal et frĂšre jumeau de Jeanne, est un boxeur qui cherche Ă en faire une carriĂšre professionnelle. Il en veut Ă sa mĂšre pour avoir sombrĂ© dans le silence et refuse dâabord dâaller Ă la recherche de son frĂšre. Finalement, aprĂšs avoir lu le tĂ©moignage de sa mĂšre dans le cahier rouge, Simon dĂ©cide de se lancer, aidĂ© dâHermile Lebel. Hermile Lebel est le notaire et ami de Nawal, qui lâa dĂ©signĂ© comme exĂ©cuteur testamentaire. Il est trĂšs affectĂ© par sa mort et est bien dĂ©cidĂ© Ă faire respecter ses derniĂšres volontĂ©s. Dans la piĂšce, il est mentionnĂ© quâil a rĂ©cemment changĂ© de bureau. Ă noter, ce personnage permet lâintroduction dâune touche dâhumour dans la piĂšce, entre autres par le dĂ©tournement dâexpressions communes. Au terme de sa quĂȘte, Simon rencontre Chamseddine, le chef de la rĂ©sistance du Sud. Tout comme pour Nazira ou Malak, ce personnage, bien que peu prĂ©sent physiquement », joue un rĂŽle clĂ© dans la piĂšce, puisque câest lui qui rĂ©vĂšle Ă Simon que son frĂšre perdu, Nihad Harmanni, est Ă©galement son pĂšre, Abou Tarek. Nihad Harmanni / Abou Tarek Le lecteur ou spectateur en vient donc Ă concilier les deux hommes qui ne font quâun. Nihad Harmanni, nommĂ© ainsi par ses parents adoptifs Roger et Souhayla Harmanni, devient tireur dâĂ©lite sous les ordres de Chamseddine. Il prend ensuite la route du Nord pour retrouver sa mĂšre, mais faute de succĂšs, est recrutĂ© par lâarmĂ©e Ă©trangĂšre oĂč il devient un tireur dâĂ©lite cruel, qui prend en photo ses victimes et qui se fait des faux spectacles dans un pseudo-anglais. Quand il est promu au poste de chef de la prison, Nihad devient Abou Tarek. FascinĂ© par la femme qui chante, il se garde de la tuer et la viole Ă rĂ©pĂ©tition. Ă son procĂšs, il Ă©voque le petit nez de clown, seule chose qui lui reste de sa mĂšre, et câest ainsi que Nawal, suivant les procĂ©dures, apprend que son violeur est aussi le fils quâelle a tant cherchĂ©, car elle avait laissĂ© Ă ce dernier un petit nez de clown. Analyse dramaturgique Notre analyse portera sur les Ă©lĂ©ments dramaturgiques de la piĂšce qui appartiennent au courant de lâextrĂȘme contemporain. Nous sommes toutefois conscient quâIncendies peut avoir des affinitĂ©s avec certains autres courants comme la postmodernitĂ© ou le théùtre dâArtaud. Nous avons ici fait le choix de nous concentrer sur son appartenance Ă lâextrĂȘme contemporain. Pour ĂȘtre plus prĂ©cis, notre analyse sâarticulera autour de quatre caractĂ©ristiques de lâextrĂȘme contemporain se retrouvant dans la piĂšce de Wajdi Mouawad le retour du rĂ©cit et du personnage, le refus de la catharsis, le rĂŽle central du traitement de la langue et lâĂ©clatement du temps et de lâespace. Retour du rĂ©cit et du personnage Avec lâextrĂȘme contemporain, on assiste Ă un retour du personnage et du rĂ©cit, lesquels avaient Ă©tĂ© dĂ©laissĂ©s au cours de la postmodernitĂ©. En ce qui concerne le personnage, cela signifie quâil est de nouveau dotĂ© dâune Ă©paisseur psychologique. Ainsi, chaque personnage a sa personnalitĂ© propre; le personnage nâest plus interchangeable. Dans Incendies, on diffĂ©rencie effectivement les personnages les uns des autres. Mouawad va mĂȘme plus loin dans le dĂ©veloppement de ses personnages principaux, puisquâil sâintĂ©resse Ă la quĂȘte des origines de Jeanne et Simon et au parcours de vie de Nawal. Pour ce qui est du retour du rĂ©cit, on mentionnera simplement que la piĂšce rompt avec la postmodernitĂ© par le simple fait quâelle raconte une histoire, ce qui la classe dans lâextrĂȘme contemporain. Ce qui caractĂ©rise normalement le rĂ©cit de lâextrĂȘme contemporain, câest lâabsence dâune fin bien dĂ©finie, lâhistoire Ă©tant plutĂŽt laissĂ©e en suspens pour que le spectateur soit libre de formuler sa propre fin. Toutefois, Incendies sâĂ©loigne de lâextrĂȘme contemporain en offrant une clĂŽture plutĂŽt conventionnelle, puisque la piĂšce sâachĂšve sur la fin du parcours initiatique des jumeaux et que ces derniers ont obtenu les rĂ©ponses Ă leurs questions relativement Ă leur origine. Refus de la catharsis Dans le théùtre de lâextrĂȘme contemporain, qui est pourtant parfois trĂšs violent, la catharsis nâopĂšre pas. Câest parce que la catharsis nĂ©cessite la reprĂ©sentation claire dâune figure du bien » et dâune figure du mal ». Dans le théùtre traditionnel, le spectateur peut facilement identifier le hĂ©ros du mĂ©chant, si bien quâil peut aisĂ©ment reconnaĂźtre lâexemple Ă ne pas suivre, ce qui est nĂ©cessaire pour que la catharsis fonctionne. Cependant, dans le théùtre de lâextrĂȘme contemporain, il est impossible de distinguer un hĂ©ros ou un mĂ©chant au sens habituel, car lâextrĂȘme contemporain porte lâidĂ©e que tout le monde est Ă la fois bourreau et victime. Incendies illustre bien cette idĂ©e, puisquâelle nous prĂ©sente plusieurs personnages apparemment rangĂ©s » dans le prĂ©sent, mais qui ont Ă©tĂ© coupables dâatrocitĂ©s par le passĂ©. On pensera notamment Ă Fahim et Chamseddine. Quant Ă Nihad/Abou Tarek, sâil est devenu cruel, on apprend toutefois que ce sont les circonstances de la vie quâil a menĂ© aprĂšs que Nawal ait Ă©tĂ© forcĂ©e de lâabandonner qui lâont rendu comme il est, si bien quâon ne peut le voir simplement comme un vilain. Dâautre part, lâidĂ©e que tout le monde est victime et bourreau est bien reprĂ©sentĂ©e dans la piĂšce par la formulation du cycle de la violence Ă la scĂšne 17 p. 60-64, oĂč un mĂ©decin explique Ă Nawal et Sawda que depuis des annĂ©es et des annĂ©es, un camp commet des atrocitĂ©s pour se venger des atrocitĂ©s commises par lâautre camp qui se vengeait lui-mĂȘme et ainsi de suite. Ici, ils sont donc tous bourreaux et victimes. Et câest parce que tout le monde dans Incendies est bourreau et victime, que personne nâest bon » ou mauvais » au sens traditionnel du terme et que la catharsis nâopĂšre pas dans la piĂšce. RĂŽle central du traitement de la langue La langue du théùtre de lâextrĂȘme contemporain ne se veut pas rĂ©aliste, câest-Ă -dire quâelle ne cherche pas Ă imiter la rĂ©alitĂ©. Il sâagit plutĂŽt dâune langue particuliĂšrement travaillĂ©e, qui est sculptĂ©e, poĂ©tique, théùtrale. Notamment, Incendies comporte plusieurs longues tirades et longs monologues tĂ©moignant de la primautĂ© du texte. Une autre caractĂ©ristique relativement au travail de la langue de lâextrĂȘme contemporain est lâemploi de tous les registres langagiers et de diffĂ©rentes langues. Dans la piĂšce, Mouawad Ă©crit tantĂŽt en français quĂ©bĂ©cois familier â qui inclut des insultes proprement quĂ©bĂ©coises â tantĂŽt dans un français standard soutenu. La scĂšne 2 p. 15-26 de la piĂšce met bien en Ă©vidence ce contraste, prĂ©sentant dâabord le testament de Nawal rĂ©digĂ© dans un parfait français, puis la tirade de Simon, qui parle dans un français quĂ©bĂ©cois populaire parsemĂ© de jurons. De mĂȘme, lâanglais et le français se cĂŽtoient dans le texte. Lâexemple le plus marquant est la scĂšne 33 intitulĂ©e Les principes dâun franc-tireur » p. 115-116, oĂč Nihad/Abou Tarek imite un prĂ©sentateur amĂ©ricain dans un anglais approximatif contaminĂ© par le français. Toutefois, câest gĂ©nĂ©ralement lâanglais qui vient contaminer le français, puisque le français quĂ©bĂ©cois, parlĂ© par les personnages de Jeanne et Simon, est naturellement Ă©maillĂ© dâanglicismes. Enfin, le travail de la langue se manifeste aussi dans Incendies dâune maniĂšre qui lui est propre Ă travers le personnage dâHermile Lebel, notamment par sa dĂ©formation des expressions courantes. DĂšs la premiĂšre page du texte, plutĂŽt que de dire la mer Ă boire », il dit la mer Ă voir » p. 13. Ainsi, Mouawad, grĂące Ă ce personnage, peut non seulement jouer avec la langue Ă loisir, mais peut Ă©galement insĂ©rer une touche dâhumour dans un rĂ©cit autrement trĂšs grave. Ăclatement de lâespace et du temps Incendies, dans la lignĂ©e de lâextrĂȘme contemporain, prĂ©sente un espace Ă©clatĂ©, câest-Ă -dire que le lecteur/spectateur ne sait pas trĂšs bien oĂč se dĂ©roule lâaction. Cet effet dâabstraction est notamment créé par une absence de nomination. Ainsi, jamais les pays ne sont nommĂ©s p. 151. Le Liban, par exemple, nâest jamais mentionnĂ© textuellement p. 153. On lâappelle plutĂŽt âle pays natalâ, âle paysâ, âle pays de votre mĂšreâ », etc. De plus, la description du pays en elle-mĂȘme est trĂšs abstraite, puisquâon situe les lieux en fonction des points cardinaux. Par exemple, NabatiyĂ© est simplement un village sur la route allant vers le Sud. Il faut noter que lâabstraction est maintenue mĂȘme si lâauteur Ă©voque quelques noms de lieux rĂ©els comme NabatiyĂ© et Kfar Matra, car il le fait en sachant quâil Ă©crit pour un public quĂ©bĂ©cois nâayant aucune connaissance de la gĂ©ographie libanaise p. 153-154. Il sâagit donc plus de clins dâĆil que dâautre chose. Enfin, on remarquera quâaucune appartenance nationale ou religieuse nâest nommĂ©e directement dans le texte. On se contente de les dĂ©signer de maniĂšre gĂ©nĂ©rique par les rĂ©fugiĂ©s », les miliciens », la rĂ©sistance de la rĂ©gion de Sud » et lâArmĂ©e du Sud » p. 154, ce qui contribue Ă lâabstraction gĂ©nĂ©rale. Lâespace nâest pas la seule chose qui soit Ă©clatĂ©e dans Incendies, le temps lâest aussi. Dâabord, le temps est Ă©clatĂ© dans le sens quâil ne sâĂ©coule pas de façon linĂ©aire. Ainsi, on ignore sur combien de temps sâĂ©chelonne lâhistoire et on ne sait pas combien de temps sâĂ©coule entre les diffĂ©rentes scĂšnes. De mĂȘme, il faut mentionner que la chronologie globale de lâhistoire ne correspond pas Ă celle de la guerre du Liban p. 155. De plus, Mouawad brouille encore un peu plus les repĂšres temporels en Ă©vitant de fournir des dates prĂ©cises p. 156. Le temps de la piĂšce est donc un temps dilatĂ©, Ă la signification symbolique p. 157, tel quâillustrĂ© par des repĂšres temporels abstraits comme Nous sommes au dĂ©but de la guerre de cent ans » p. 76. Enfin, Mouawad achĂšve dâĂ©clater le temps en entremĂȘlant les Ă©poques, alternant le rĂ©cit de Nawal au passĂ© et le rĂ©cit des jumeaux au prĂ©sent. Allant encore plus loin, il fait parfois se rencontrer les deux Ă©poques dans une mĂȘme scĂšne. Par exemple, dans la scĂšne 14 FrĂšre et sĆur » p. 53-57, non seulement on alterne entre Nawal/Sawda et Jeanne/Simon, mais Nawal et Sawda croisent Jeanne sur scĂšne. Jugement gĂ©nĂ©ral Selon nous, Incendies est lâune des meilleures piĂšces dâextrĂȘme contemporain des derniĂšres annĂ©es, car Wadji Mouawad parvient Ă tirer le maximum des procĂ©dĂ©s propres Ă lâextrĂȘme contemporain, notamment en ce qui concerne lâĂ©clatement de lâespace et du temps et le travail de la langue. Ainsi, le dramaturge mĂ©lange habilement passĂ© et prĂ©sent, toujours de maniĂšre Ă apporter une plus grande profondeur symbolique, sans que les transitions soient abruptes. Quant Ă la langue, non seulement Mouawad offre un texte bien rythmĂ© et trĂšs poĂ©tique, mais il exploite aussi pleinement le potentiel que lui offre un milieu comme le QuĂ©bec, une province bilingue qui parle un français fortement influencĂ© par lâanglais. Mouawad nâhĂ©site donc pas Ă utiliser tout le matĂ©riel langagier Ă sa disposition pour rendre son texte efficace, combinant français standard, français quĂ©bĂ©cois, anglais, langue populaire et langue soutenue selon lâagencement le plus harmonieux. Se procurer Incendies [1] Françoise Coissard, Wajdi Mouawad Incendies, Paris, HonorĂ© Campion, collection Entre les lignes littĂ©ratures Sud », 2014, p. 7. DĂ©sormais, les rĂ©fĂ©rences Ă ce texte seront indiquĂ©es entre parenthĂšses Ă la suite des citations, avec la mention Coissard ». [2] AllocinĂ©, Incendies », page consultĂ©e le 12 septembre 2018. [3] Wajdi Mouawad, Incendies â Le sang des promesses 2, MontrĂ©al, LemĂ©ac/Actes Sud, coll. Babel », 2011, p. 136. DĂ©sormais, les rĂ©fĂ©rences Ă ce texte seront indiquĂ©es entre parenthĂšses avec le numĂ©ro de page pertinent.
Une piĂšce pas comme les autres Ce dĂ©but dâannĂ©e a Ă©tĂ© chargĂ© pour les animateurs de la piĂšce. Les rĂ©pĂ©titions se sont multipliĂ©es, jusquâĂ la derniĂšre semaine oĂč elles avaient lieu tous les aprĂšs-midis. Câest vraiment durant cette derniĂšre semaine que jâai rĂ©ussi Ă me familiariser avec mon personnage. Avant pour moi, câĂ©tait abstrait. Une fois dans le dĂ©cor et avec les costumes, ça devient rĂ©el » explique Michael Miraglia qui intĂšgre pour la premiĂšre fois la troupe du TĂ©lĂ©vie. 13 janvier, rĂ©pĂ©titions gĂ©nĂ©rales Ă Nivelles Les animateurs ont rĂ©pĂ©tĂ© plusieurs fois leurs textes sous les conseils toujours avisĂ©s du metteur en scĂšne Jean-Paul Andret. Le stress monte pour Thomas Van Hamme. Câest la premiĂšre fois quâil jouait la piĂšce en conditions rĂ©elles Câest dingue, on est tellement Ă fond quâon ne voit pas le temps passer. Quand ça se termine, on est crevĂ©. Mais câest une bonne fatigue, câest exaltant ». Jour J AprĂšs une bonne nuit de sommeil, le rendez-vous est fixĂ© Ă 18h pour une derniĂšre italienne Au théùtre, une italienne câest une rĂ©pĂ©tition sans mettre le ton, avec une voix neutre qui permet aux acteurs de mĂ©moriser leurs textes sans se fatiguer » explique Jean-Paul Andret. AprĂšs une derniĂšre mise au point, les comĂ©diens se retrouvent dans les loges. Il y rĂšgne une vĂ©ritable effervescence. Plusieurs personnalitĂ©s de la chaĂźne viennent encourager leurs petits camarades. Derniers ajustements de costumes, vĂ©rification de chaque accessoire. Tout le monde y va de son commentaire amusant pour dĂ©tendre lâatmosphĂšre bouillonnante. On charrie Michael sur son costume gris qui colle parfaitement Ă son personnage de jeune avocat dragueur. DerniĂšre interview avec la presse pour Jacques Van de Biggelaar. Il est presque 20h00. LevĂ©e de rideau dans 5 minutes ! Les comĂ©diens se rassemblent et poussent un cri de guerre pour sâencourager Câest un rituel trĂšs courant au théùtre et ça fait du bien, on est soudĂ© » dit Fanny Jandrain. Câest parti ! Michael Miraglia entre en scĂšne dans le rĂŽle de FrĂ©dĂ©ric sous les applaudissements du public trĂšs heureux de le dĂ©couvrir. Dans les coulisses, on guette les rires et les applaudissements des spectateurs. Ils ont tous le trac mais ils ont surtout hĂąte de monter sur scĂšne pour la premiĂšre fois. Michael, surexcitĂ©, raconte Ă Fanny Jandrain Câest dingue ce qui mâarrive, si on mâavait dit que je ferais ça il y a un an, je ne lâaurais jamais cru, et en plus jâadore ça. Tu avais raison, câest gĂ©nial comme sensation ». Enthousiaste, Fanny revient dans les coulisses aprĂšs son premier passage Câest fait les gars, on y est. Je suis trop contente » Pendant lâentracte, Jean Paul Andret revient en loge En un mot les amis, câest tout simplement, GENIAL » Il fĂ©licite les acteurs et leur explique quâils ont trouvĂ© le bon rythme Continuez comme ça ! ». Thomas Van Hamme est impressionnĂ© par la performance de Luc Gilson Tu es Ă fond dans ton rĂŽle, du coup câest encore plus facile pour moi de jouer, je me laisse emporter ». Il faut dire que le rĂŽle interprĂ©tĂ© par Luc Gilson est extrĂȘmement physique, le rĂŽle principal de la piĂšce dans lequel il excelle particuliĂšrement. Au final, le public ravi a rĂ©compensĂ© les acteurs dâun tonnerre dâapplaudissements⊠de quoi commencer cette tournĂ©e sur une note positive !
Descriptif Infos pratiques Localisation Facebook Appeler 06 70 97 24 15 ItinĂ©raire SAINT-LAURENT-DE-LA-PLAINE Théùtre ReprĂ©sentation théùtrale au Théùatre des RĂȘveries de Saint Laurent de la Plaine. Sâempoisonner la vie ». VoilĂ une expression quâun couple aime employer dĂšs que le quotidien le confronte Ă ses petits tracas. Seulement un soir, qui paraissait un soir comme tous ceux de sa petite vie bien ordonnĂ©e, une femme va commettre le pire. Elle va faire lâindicible et inavouable acte dâempoisonner son mari⊠Une comĂ©die dĂ©lirante dans laquelle Anne Plumejeau et Olivier Jollivet donnent vie Ă deux personnages qui brillent par leurs failles, leurs fragilitĂ©s et leurs maladresses. Diaboliquement drĂŽle. Infos pratiques Tarifs Tarif indiv. adulte12⏠Tarif indiv. rĂ©duitEnfants de moins de 15 ans, demandeurs d'emploi 7⏠Localisation Théùtre des RĂȘveries SAINT-LAURENT-DE-LA-PLAINE49290 MAUGES-SUR-LOIRE Latitude - Longitude Vous aimerez aussi Ă proximitĂ©... Ă km Ă km
De Watatatow Ă Victor Lessard, de Macaroni tout garni aux Pays dâen haut, en 20 ans de carriĂšre, Julie a tout jouĂ© et en a fait du chemin, sur scĂšne comme Ă lâĂ©cran, grand ou petit. Et maintenant, elle-mĂȘme le dit, câest lâheure de sa consĂ©cration. Photo AndrĂ©anne Gauthier Dans une salle au sous-sol du Théùtre du Nouveau Monde, une dizaine de personnes attendent, assises devant une longue table en V. Ce sont les gagnants dâun concours pour assister Ă la lecture par les comĂ©diens dâune crĂ©ation signĂ©e Michel Marc Bouchard. Câest exceptionnel. Normalement, le public dĂ©couvre la piĂšce aprĂšs des mois de rĂ©pĂ©titions en vase clos. Aujourdâhui, il verra de trĂšs prĂšs les artistes au boulot, alors quâen ce samedi gris sâenclenche le processus qui culminera des semaines plus tard, le soir de la premiĂšre en prĂ©sence de 750 spectateurs. Tiens, voici quâentre Julie Le Breton en habit de travail blouse blanche, jean bleu, manuscrit surlignĂ© en main, air gĂȘnĂ©. Jâavais peur que les gens trouvent ça plate et long, me dira-t-elle une fois lâexercice terminĂ©. Entendre du théùtre lu demande une concentration particuliĂšre⊠» Dans la salle, son arrivĂ©e cause un lĂ©ger frisson. Elle Ă©tait tellement bonne dans Les beaux malaises », chuchote ma voisine Ă sa copine, qui opine du bonnet. Casquette vissĂ©e sur la tĂȘte, Ăric Bruneau et Patrick Hivon prĂ©cĂšdent de peu une Magalie LĂ©pine-Blondeau discrĂšte avec ses lunettes et ses cheveux tirĂ©s. Puis, lâauteur paraĂźt, sur les talons du metteur en scĂšne Serge Denoncourt. Toute la distribution de La nuit oĂč Laurier Gaudreault sâest rĂ©veillĂ© sâassoit derriĂšre la table et nous fait face, composant une image qui Ă©voque la derniĂšre CĂšne, avec Michel Marc au centre Ă la place du Christ. Denoncourt, un brin baveux, lance quelques mots de bienvenue Vous trouvez ça bizarre dâĂȘtre lĂ ? Ben nous aussi! » Enfin, la lecture dĂ©marre avec Julie, qui tient le rĂŽle principal, celui de Mireille Enfant, je souffrais dâinsomnie chronique⊠» Embaumeuse Ă la carriĂšre florissante, Mireille est de retour dans son Lac-Saint-Jean natal aprĂšs 10 ans dâabsence pour sâoccuper » de la dĂ©pouille de sa mĂšre. Michel Marc Bouchard, dont lâĆuvre Les Feluettes, Tom Ă la ferme⊠est montĂ©e partout, de Tokyo Ă Chicago, cherchait pour lâincarner une actrice dĂ©but quarantaine qui pouvait jouer une introvertie, explique-t-il. Je voulais aussi quelquâun de racĂ© qui pouvait reprĂ©senter une certaine classe. Câest Serge qui mâa parlĂ© de Julie. » Le dramaturge avait vu la comĂ©dienne sur scĂšne, au cinĂ©ma et Ă la tĂ©lĂ©vision, mais ne la connaissait que de rĂ©putation. Cette fille peut tout jouer, nâa pas dâinhibitions et est toujours prĂȘte Ă se jeter Ă lâeau. » Il lui a Ă©crit. CâĂ©tait il y a prĂšs de trois ans. Quand jâai lu que Michel Marc mâoffrait Mireille, jâai pleurĂ©. Pour moi, ça ressemblait Ă une consĂ©cration. Il est lâun de nos plus grands auteurs, de la trempe de Michel Tremblay et de Robert Lepage. Câest un gage de confiance Ă©norme, et tu veux ĂȘtre Ă la hauteur », me raconte Julie deux jours plus tard, en tĂȘte Ă tĂȘte dans un restaurant montrĂ©alais. Pour se prĂ©parer, la comĂ©dienne a rencontrĂ© une embaumeuse. Il y avait le corps dâune dame dans une salle, mais il aurait fallu demander la permission Ă la famille pour le voir. » Déçue, elle a toutefois fait le plein de connaissances sur la thanatopraxie. Savais-tu que, quand ils vident le sang, ça sâen va dans les Ă©gouts de la ville? Ils font une incision ici [elle pointe un endroit prĂ©cis sur sa gorge] pour avoir accĂšs Ă la veine jugulaire, et font entrer le formaldĂ©hyde, qui pousse le sang hors de lâorganisme⊠Bon, on commande? » Lâami Patrice Tout en Ă©tudiant le menu, elle jette un Ćil sur son cellulaire oĂč entrent des messages qui lâamusent. Excuse-moi, câest Patrice. » Patrice Robitaille et elle ont rendez-vous cette semaine-lĂ pour le dĂ©but du tournage de la troisiĂšme saison de Victor Lessard Club Illico. On se connaĂźt depuis 20 ans, on est sortis de lâĂ©cole de théùtre en mĂȘme temps, en 1998. Câest mon ami, mon Patou. » Câest aussi un acteur avec qui Julie a souvent partagĂ© lâĂ©cran. Dans le film Quand lâamour se creuse un trou, premiĂšre Ćuvre du rĂ©alisateur Ara Ball, sur les Ă©crans lâĂ©tĂ© dernier, Julie et Patrice incarnaient un couple, et il y avait une scĂšne de lit. Oh, rien dâolĂ© olĂ©, mais sa seule Ă©vocation met le feu aux joues dĂ©jĂ naturellement rosies de Julie. CâĂ©tait assez gĂȘnant, et bizarre, dâaller dans ces zones-lĂ avec lui. JâĂ©tais stressĂ©e. » Patrice me confirmera quelques semaines plus tard quâil nâĂ©tait pas moins tendu que sa partenaire de jeu Je suis rarement Ă lâaise dans ce genre de situation. Il y a beaucoup de choses Ă gĂ©rer, entre autres le fait quâon se connaisse et quâon soit amis. Je nâai pas lâhabitude dâĂȘtre nu avec mes amis. » Mais, ajoute-t-il fiĂšrement, on a Ă©tĂ© des professionnels jusquâau bout ». Un contre-emploi bienvenu Dans Victor Lessard, populaire sĂ©rie policiĂšre tirĂ©e des romans de Martin Michaud, ils forment lĂ encore un tandem dĂ©tonnant, mais sexuellement incompatible. Patrice incarne Victor, sergent-enquĂȘteur, et Julie se glisse dans la peau de Jacinthe Taillon, sa coĂ©quipiĂšre lesbienne. Elle est dĂ©crite en ces mots par le romancier gros doigts boudinĂ©s, carcasse monolithique, traits mous, cheveux coupĂ©s court, bourrelets visibles ». Il faut faire un Ă©norme effort dâimagination pour superposer lâimage de Julie Le Breton Ă cette description peu flatteuse. Et pourtant⊠On ne cache pas mes cernes et, des fois, on en ajoute. Jâai les cheveux foncĂ©s, tirĂ©s et aplatis comme un casque de bain, pas de rouge Ă lĂšvres ni mascara⊠» Patrice nâest pas surpris quâelle soit crĂ©dible dans les souliers de Jacinthe. Mon Ă©tonnement est plutĂŽt dirigĂ© vers ceux qui ont eu lâaudace de lui proposer ce rĂŽle. Elle est rendue Ă un niveau dans sa carriĂšre oĂč on veut avoir Julie Le Breton pour plein dâaffaires, et mĂȘme pour un contre-emploi. » Sâenlaidir ne lui inflige aucune blessure dâego. Jâai trouvĂ© ça plus libĂ©rateur quâautre chose, assure-t-elle en dĂ©coupant son bagel au saumon fumĂ©. Quand tu joues une fille sĂ©duisante, et je lâai beaucoup fait, Ă la longue, ça devient fatigant. En Jacinthe, je suis assise tout croche, les jambes Ă©cartĂ©es, et si mon bourrelet dĂ©passe, câest tant mieux. » Tout de mĂȘme, pour plusieurs, Julie Le Breton est lâincarnation mĂȘme de la fĂ©minité⊠Mon Dieu, pas quand on me connaĂźt! Jâai une Ă©nergie masculine, avec un humour trĂšs grossier, capable dâĂȘtre one of the boys. Je ne tripe pas sur le maquillage, je ne mâachĂšte pas de linge, je ne vais pas chez la manucure. Jâai de la misĂšre Ă me faire faire un facial, je trouve que câest beaucoup dâinvestissement sur soi. » Photo AndrĂ©anne Gauthier Belle-mĂšre Ă©panouie Deux fois dĂ©jĂ , je lâai interviewĂ©e. Notre derniĂšre rencontre remonte Ă cinq ans. La Julie de 2014 Ă©tait fĂ©brile, sur ses gardes, fatiguĂ©e aussi. Elle avait parlĂ© de dĂ©sir de maternitĂ© et dâessais infructueux. Ce sujet sensible, la Julie de 2019, calme, quasi zen, lâaborde dâemblĂ©e. Câest terminĂ©, derriĂšre moi. Quelle dĂ©livrance! Toute la pĂ©riode oĂč jâai tentĂ© de tomber enceinte, jâavais lâimpression dâattendre que quelque chose se passe. Jâai fait tous les cycles, des annĂ©es de tests violents, douloureux, intrusifs⊠Mon couple nây a pas survĂ©cu. » Sa voix, claire, forte, porte si bien que les convives trois tables plus loin tendent lâoreille. Oui, je peux ĂȘtre une personne Ă©panouie, qui comprend lâamour et lâhumanitĂ©, mĂȘme si je ne suis pas une mĂšre. Jâai eu une Ă©cĆurantite aiguĂ« de la pression sociale, comme si on Ă©tait une sous-femme si on ne donne pas la vie. Je trouve que les gens manquent dâempathie. » Ă lâautomne 2014, pendant le tournage du film Paul Ă QuĂ©bec, sa route a croisĂ© celle de Guillaume Parisien, assistant Ă la camĂ©ra. Du coup, la cĂ©libataire de 39 ans qui rĂȘvait dâĂȘtre maman est devenue la belle-mĂšre de trois enfants. Ils ont maintenant 13, 16 et 20 ans. De beaux jeunes de qui jâapprends plein dâaffaires. Quand ils sont chez nous, jâessaie de crĂ©er un espace oĂč mon chum peut ĂȘtre un papa. Mon rĂŽle, câest dâĂȘtre un soutien, une amie. » Pas toujours facile, la coparentalitĂ©. Chacun ou chacune doit la redĂ©finir et la rĂ©inventer, parce quâil nây a rien dâĂ©tabli. » Avec Guillaume Ă son bras, Julie foule les tapis rouges, une nouveautĂ© pour la comĂ©dienne, connue pour sa discrĂ©tion. LâĂ©talage de vie privĂ©e devrait sâarrĂȘter lĂ . Pas pour elle, le dĂ©ballage public de ses Ă©motions ou le jeu des confidences trĂšs prĂ©sents dans les Ă©missions de tĂ©lĂ©. Je nâai pas la nostalgie de mon passĂ©, je ne veux pas revoir mon prof de cinquiĂšme annĂ©e, ni le premier gars que jâai frenchĂ©. » Une grande part dâelle ne sera toujours visible que pour ses intimes. Peu nombreux, mĂȘme si tout le monde craque pour elle », dit la comĂ©dienne Anick Lemay, qui fait partie de ce cercle restreint. Julie est presque ma sĆur. » Elles sont aussi voisines. Et se sont beaucoup vues quand Anick a appris quâelle Ă©tait atteinte dâun cancer et aprĂšs, pendant les traitements. Julie a vĂ©cu avec moi la grande chimio, quatre heures et demie dâinjection. Comme câest lâamie la plus conne que jâai, elle mâa beaucoup fait rire et a transformĂ© ce moment en quelque chose de lumineux. » Mais câest aussi une fille qui doute beaucoup, selon Anick, soucieuse de ne pas en dire trop. Elle se sent comme une pâtite crotte de temps en temps et angoisse, roulĂ©e en boule dans son salon. Câest ce qui la rend si attachante. Elle pourrait avoir la grosse tĂȘte⊠» Et Patrice Robitaille de renchĂ©rir Quand tu la connais, tu te rends compte quâon ne naĂźt pas tous Ă©gaux. Elle a tout pour elle. Julie est irrĂ©sistible, sans chercher Ă lâĂȘtre. » Lui-mĂȘme, au temps de leur folle jeunesse, a succombĂ© Ă lâeffet Le Breton. JâĂ©prouvais des choses pour Julie⊠Le timing nâa jamais Ă©tĂ© au rendez-vous. Câest mieux ainsi, on est restĂ©s des amis. » ĂgalitĂ© svp Aujourdâhui, sa carriĂšre est au zĂ©nith. Julie accumule les trophĂ©es trois GĂ©meaux, deux Artis, mĂȘme un GĂ©nie, reçu Ă Toronto pour le film Maurice Richard. ChoyĂ©e, cĂ©lĂ©brĂ©e, hyper sollicitĂ©e, Julie peut dĂ©sormais exiger un cachet en consĂ©quence. Avec une certaine surprise, elle a constatĂ© que ce nâĂ©tait pas gagnĂ© dâavance. Je me bats pour ĂȘtre payĂ©e autant que mes collĂšgues masculins Ă notoriĂ©tĂ© Ă©gale. » Le ton est posĂ©, pas revanchard. Des fois, ça fonctionne, des fois, non. Et câest non pour plein de raisons bizarres. On mâa dĂ©jĂ dit âMais lui, il est tellement apprĂ©ciĂ© du publicâŠâ Tu veux savoir le pire? Ce sont souvent des femmes qui nĂ©gocient du cĂŽtĂ© adverse, et ça me met en beau fusil. » Elle prend une derniĂšre bouchĂ©e de bagel et sourit. CâĂ©tait mon Ă©ditorial! » YĂ©, câest lâĂ©tĂ©! Des vacances, je ne pense pas que je vais pouvoir en prendre. Ă lâheure oĂč on se parle, mes deux derniĂšres de juin sont libres. En juillet, câest Les pays dâen haut. AprĂšs, câest le gros projet tĂ©lĂ© dont je ne peux rien dire pour le moment. Jâaimerais aller aux Ăles-de-la-Madeleine, mon endroit de ressourcement ultime. Ce sera la pĂ©riode du homard, il fera encore frais⊠Je suis nĂ©e Ă Arvida, au Saguenay, jâai grandi en Suisse et aux ĂtatsâUnis, lĂ oĂč mon pĂšre, cadre chez Alcan, Ă©tait en poste, mais ma famille vient des Ăles. On y a une maison sur la plage, ma grand-mĂšre y habite toujours, jâai aussi des tantes et des oncles madelinots. Le vent qui souffle, le bruit de la mer qui couvre tout⊠Câest reposant pour quelquâun comme moi, qui fait un peu dâanxiĂ©tĂ© et dont la tĂȘte âspinneâ beaucoup. Je vais enfin pouvoir me dĂ©tendre, observer le ciel et les nuages⊠Et jâai envie de voir ma chienne AdĂšle courir dans le sable et triper â câest une griffon, tellement belle, tout hirsute, que jâaime dâamour. Quand jâarrive chez moi, elle me regarde comme si jâĂ©tais une merveille! » OĂč on la verra La nuit oĂč Laurier Gaudreault sâest rĂ©veillĂ©. Au TNM, du Du 22 au 31 octobre 2020. Victor Lessard La troisiĂšme saison dĂ©bute dĂšs lâautomne, sur Club Illico. Tu te souviendras de moi Film dâĂric Tessier, dâaprĂšs la piĂšce de théùtre du mĂȘme titre. Avec RĂ©my Girard et France Castel, qui incarnent ses parents. Date de sortie encore inconnue. Les pays dâen haut La cinquiĂšme et derniĂšre saison sera diffusĂ©e Ă lâhiver 2020, sur ICI Radio-Canada TĂ©lĂ©. Ă lire aussi Julie Le Breton les coulisses de notre sĂ©ance photo
c était quand la derniÚre fois piÚce de théùtre